Dans ce petit abécédaire, Voyager léger se situe entre Vivoter et Voyager (ou pas). Parmi les verbes déclinés, c'est celui que l'autrice a choisi comme titre : nous avons plus que jamais besoin de légèreté. Ici l'infinitif n'est jamais définitif : nos intentions bien souvent nous échappent, ratent leur cible. Un amoureux peint en lettres géantes un prénom. Peut-il prévoir qui le lira ? Laver est-il un acte aussi ordinaire qu'il y paraît ? Battre avec force le linge des bourgeois / faire sourdre la haine sur le bord du lavoir / Qui a la force ? / Qui a les bras ? L'abécédaire facilite les changements de registre, il permet de se glisser dans les interstices entre amour et révolte, il invite au voyage : d'un univers à l'autre, d'une vie à l'autre, mettant en scène des personnages souvent fragiles. Une junkie oubliée, un homme seul titubant au matin sur le trottoir glacé. Une vierge qui voudrait descendre de son oratoire : Qui m'entendra ? Qui m'exaucera ? / Qui me dévissera de ce piédestal ? Ancrés sans conteste dans une époque, ils renvoient à l'universel aussi bien qu'à l'intime. De loin, / tous les linges se ressemblent. / C'est comme les histoires de famille, de loin. Corinne Lagenèbre a publié deux recueils de poésie : Veladores (Ed° Le petit Pavé, 2017), Les armes douces (p. i. sage intérieur, 2019), des textes dans différentes revues, des nouvelles (Ed° La Marge).