Trois vies de femmes. Trois récits, qu'un fil discret relie au hasard des générations et des alliances. Par leur dérisoire application à vivre et à faire comme les autres, ces femmes disent leur époque, mais leur époque ne dit rien d'elles et les relègue dans la multitude des anonymes, des sans-histoire, écartés des fables de la littérature. Elles peinent, souffrent, ont peut-être aimé, mais n'ont rien à dire car les mots leur ont manqué, de toujours. On n'entend pas leur voix, alors un tiers (un fils plein de ressentiment, une connaissance admirative, une amie vacharde) les raconte, sans parvenir à percer ce noyau d'opacité à quoi se résume leur être. Bien sûr dans ces récits sur elles, qui leur fabriquent une vie qu'elles n'ont pas vraiment vécue, le narrateur déjoue les illusions qu'elles se sont données pour vivre et afficher une différence qu'elles n'eurent pas, mais bute sur le mystère sans mystère, ordinaire et minuscule, d'une vie grise, de la vie de la multitude de leurs semblables.