La fin de la guerre froide ne marque pas seulement une rupture avec le communisme mais l'épuisement d'un monde : celui des Lumières. C'est cet épuisement qui gêne l'émergence d'un nouvel ordre mondial et exacerbe la crise du sens.
Une crise du sens marquée par une double perte : celle de la finalité (vers où va-t-on ?), celle de la centralité (toutes les institutions - internationales, nationales ou sociales - sont en crise).
C'est au moment même où les Etats et les individus se trouvent privés de tout nouvel horizon d'attente, de toute perspective politique, qu'ils se voient forcés de réfléchir à leur place dans la mondialisation. Autrement dit, c'est au moment où notre espace collectif de référence s'élargit de manière spectaculaire que nos instruments de lecture de ce monde connaissent un rétrécissement sans précédent : la logique du sens s'effrite au moment où celle de la puissance se mondialise. C'est de ce divorce entre le sens et la puissance dans le monde dont ce livre rend compte.
Pourtant, il faut d'ores et déjà concevoir l'après-guerre froide comme un monde en soi où seront repensés en profondeur les deux enjeux de sens qui font aujourd'hui problème : le travail pour les hommes et la guerre pour les Etats.
C'est en tous cas la conclusion de Zaki Laïdi.
Cinq ans après la chute du Mur de Berlin, Un monde privé de sens constitue l'une des premières interprétations décisives de l'après-guerre froide, une interprétation très attendue.