Un long voyage ou l'empreinte d'une vie Tome 31 (Relié)

A table, boulevard Foch, une scène surréaliste : Dominique, dès le plat de viande apporté par Maria, a brandi sa fourchette, l'a plantée à la verticale dans le plus gros des biftecks, qu'il a déposé avec la même violence dans l'assiette de Daniella ébahie. Louis se servant toujours en premier, le défi était patent. L'outragé a quitté la table et gagné son bureau, demandant à s'y faire servir. Pauline l'a rejoint, et tenté de le tirer par la manche.
En vain. Il ne pouvait pardonner. Il s'en est expliqué : dès son entrée dans la maison, son aîné l'a vu comme un rival, et il l'a détesté. Et plus encore depuis qu'il avait un témoin : sa femme. Louis ne voulait pas détruire sa famille, aussi allait-il laisser la place et partir (tome 30). Le repas terminé, il sort et prend mécaniquement la voiture. Le Vercors : s'abrutir de fatigue par une longue marche afin de ne plus penser.
Mais ce n'est que pour ressasser son malheur : après Louise et Nadine, il perd une nouvelle fois sa compagne, et quelle compagne ! Au retour, des voix se font entendre à travers la porte, il écoute : Pauline a tranché : le jeune couple va déménager, elle leur a trouvé un appartement. Elle dit à son fils : "Louis est arrivé et a changé ma vie. J'ai fait ton bonheur en t'adoptant, et maintenant, pour me remercier, tu veux détruire le mien ! " Dès lors la paix règne dans la maison, entre la femme aimée et Armel, les domestiques ne comptent pas.
Louis va pouvoir se consacrer sereinement à l'écriture, à son perfectionnement personnel - sa règle -, et à la promotion de Gailland, le peintre qu'il a pris sous son aile. L'amitié des Trolin, maintenant des voisins immédiats, lui est également chère, comme le sont leurs veillées de musique dans la bibliothèque et leurs promenades dominicales dans la montagne, agrémentées d'un bon repas au restaurant.
Mais son domaine provençal lui pèse : les recettes de l'époque des récoltes ne compensent pas les dépenses de toute l'année. L'idée de sa revente germe. Oui, mais alors que faire d'Oliver qui, là-bas, enfin, ne fait plus parler, en mal, de lui ?