" Ces êtres là, il faudrait les tuer à la naissance ". Il n'est pas le bienvenu, Pierre. La guerre vient de le forcer à naître ? Combien de fois sentira-t-il passer le souffle délétère de qui aurait bien voulu qu'il ne soit pas ? Combien d'autres seront morts pour qu'il vive, lui ? " Tout le monde n'a pas la chance d'être abandonné ". La chance ? Il se devine autre que celui qu'il croyait être. Mais comment savoir qui l'on est quand l'on vit dans un enclos : celui de l'enfance, celui du pensionnat, celui que l'on s'inflige à soi-même. Puis il se fait rattraper par un mot : " Naturel ". Un mot déchirant qui remet tout en cause : il n'est que " l'avorton de lui-même ". A-t-il seulement un nom ? A quarante-trois ans, il va l'entreprendre ce voyage vers ce " Pierre " inconnu. Qui trouvera-t-il au bout du chemin ? Arrivera-t-il un jour quelque part ? Acceptera-t-il enfin d'être né ?