Paris, novembre 1642. Le cardinal de Richelieu, dont les adversaires sont plus résolus que jamais, s'apprête à frapper un coup qui devrait pour longtemps briser l'arrogance de la noblesse : il n'est bruit que du " grand jeu de volant de M. de Saint-Chéron " _ et des dix-sept mille têtes qui vont tomber ce jour-là. Mais le destin, qui suit son propre chemin, en décidera autrement. Grâce à un bouffon, le perruquier Turlupin, qu'un jeu de circonstances cocasse mènera à une fin tragique, la vieille France vouée à la mort triomphera une fois de plus des idées d'un temps nouveau. Roman picaresque, burlesque, fantaisie historique obéissant aux règles du feuilleton, Turlupin (1923) arbore les couleurs de genres bien innocents. Mais qu'on ne s'y trompe pas : à l'instar d'Arthur Schnitzler, l'un de ses maîtres, Perutz, écrivain constructiviste, ne déploie tant d'attraits _ humour, suspense, jeux de style _ que pour mener le lecteur au coeur de sa réflexion _ en l'occurence une méditation désabusée sur le sens, ou plutôt le non-sens, de l'histoire. Leo Perutz (1882-1957) naquit à Prague dans une famille juive d'origine espagnole. Actuaire (il travailla dans la même compagnie que Kafka), il s'installa très tôt à Vienne, qu'il ne quitta qu'après l'Anschluss pour émigrer en Palestine. Ecrivain fantastique admiré de Borges, il fut très populaire dans les années 20 et 30. Citons, parmi ses oeuvres, le Cavalier suédois, La nuit sous le pont de pierre, la Troisième Balle et le Maître du Jugement dernier.