Le traité de la tolérance, par Voltaire (1763, in-8°). Ce traité fut composé à l'occasion de la mort de Jean Calas ; il en existe un grand nombre d'éditions de la même année, toutes de format in-8° et la plupart sans lieu ni date. Il débute par une histoire abrégée de la mort de J. Calas et l'examen des conséquences de son supplice. A ce propos, Voltaire jette un coup d'oeil sur la Réforme et examine si la tolérance est dangereuse et parmi quels peuples elle est permise : "Quelques-uns ont dit que si l'on usait d'une indulgence paternelle envers nos frères errants qui prient Dieu en mauvais français, ce serait leur mettre les armes à la main, qu'on verrait de nouvelles batailles de Jarnac, de Mont-contour, de Coutras, de Dreux, de Saint-Denis, etc. C'est ce que j'ignore, parce que je ne suis pas prophète ; mais il me semble que ce n'est pas raisonner conséquemment que de dire : "Ces hommes se sont soulevés" quand je leur ai fait du mal, donc ils se soulèveront quand je leur ferai du bien. J'oserai prendre la liberté d'inviter ceux qui sont à la tête du gouvernement, et ceux qui sont destinés aux grandes places, à vouloir bien examiner mûrement si l'on doit craindre, en effet que la douceur produise les mêmes révoltes que la cruauté a fait naître ; si ce qui est arrivé dans certaines circonstances doit arriver dans d'autres ; si les temps, l'opinion, les moeurs sont toujours les mêmes". Il est constant qu'au moment des guerres du XVIe siècle, si l'on excepte un petit nombre de lettrés et de gentilshommes, le gros de la nation était hostile à la Réforme. Elle fut proscrite par l'opinion publique, imprégnée des idées catholiques du moyen âge. Ce fut l'opinion publique qui organisa la Ligue et détrôna les Valois, qui n'étaient point des réformés, mais qu'on accusait de tiédeur contre les réformés. Au XVIIIe siècle, lors de la révocation de l'édit de Nantes, il n'en était déjà plus de même. L'acte de Louis XIV fut purement politique : il voulait supprimer un parti qui faisait échec à son omnipotence. Au XVIIIe siècle, il n'y avait plus de guerres religieuses possibles, et on aurait pu rendre aux protestants leurs droits civils sans froisser en aucune manière l'opinion publique. Voltaire a donc raison de dire que les temps et les moeurs ont changé. Reprint de l'édition originale de 1763. A cet ouvrage, nous avons ajouté en plus l'article de Pierre Larousse sur la Tolérance paru en 1866 dans le grand dictionnaire universel du XIXe siècle (20 pages) et qui comprend une critique de l'ouvrage de Voltaire.