L'Histoire moderne des arts s'est interrogée de manière récurrente sur les relations entre le théâtre et le cinéma. Or cette question désormais classique a souvent été réduite à celle des transferts et adaptations entre les deux arts. Il s'agit ici de dépasser cette approche traditionnelle en s'intéressant aux représentations que ces deux pratiques se font l'une de l'autre, à la façon dont ces idées du théâtre et du cinéma nourrissent les processus de création et de réception de l'autre art. L'enjeu n'est donc pas, à travers une étude des emplois du théâtral au cinéma et du cinématographique au théâtre, de définir une supposée essence propre à chaque art dont l'autre pourrait s'emparer, mais d'appréhender un mécanisme commun à ces deux formes de représentation. La théâtralité au cinéma et la cinématographicité au théâtre sont alors à envisager comme des dynamiques, travaillant la forme et inspirant les partenaires de la relation artistique, comme une double polarité introduisant au sein de chaque type d'illusion une tension, un jeu autorisant à la fois prise de distance et ouverture du champ de l'interprétation. Pour déplacer la perspective, cet ouvrage fait ainsi dialoguer chercheurs en études théâtrales et cinématographiques autour de questions transversales : l'imaginaire du corps, les processus créatifs hybrides, la confrontation des deux imaginaires au sein d'un système axiologique, et le rôle de l'analogie théâtrale ou cinématographique dans la réception.
Marguerite Chabrol est maître de conférences en études cinématographiques à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense. Tiphaine Karsenti est maître de conférences en études théâtrales à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense.