Ce livre a pour ambition de réexaminer la relation entre savoirs géographiques et empires à la lumière des travaux les plus récents, posant ainsi les jalons d'une histoire spatiale des empires. Croisant différentes approches, les auteurs de ce volume analysent la question fondamentale de l'appropriation coloniale de l'espace par la construction des savoirs géographiques et des pratiques spatiales (cartographie, tracés de frontières, enquêtes). Elle permet de saisir la diversité des situations coloniales, de tracer la diffusion des savoirs sur l'espace colonial et de révéler la formation de territoires coloniaux aux contours complexes, parfois enchevêtrés, indéterminés et souvent marqués par de nombreuses discontinuités. La circulation des concepts, des méthodes de description et d'explication est induite par le déplacement des principaux acteurs - explorateurs et voyageurs, militaires, ingénieurs, cartographes -, et par leurs rencontres au sein de réseaux de relation institutionnels ou informels (informateurs autochtones, associations, revues). Ils participent pleinement de la représentation des empires, président à leurs pratiques politiques et questionnent de façon originale la domination coloniale en prenant en compte la coexistence de spatialités multiples, qui ne sauraient se résumer à une opposition binaire entre spatialités européenne et indigène. Fruit d'une enquête collective et internationale menée dans le cadre d'un programme de recherche financé par l'Agence nationale de la recherche (ANR), ce livre dessine un monde découpé, réduit, agrandi, ordonné et déconstruit : l'imaginaire territorial d'un monde impérial.