"Pour peu que vous restiez un certain temps dans le métro, il devient difficile d'en sortir. Vous avez envie d'échapper à cet air malsain, à ce bruit, à ce mouvement incessant, aux lumières artificielles, surtout, mais vous êtes pris d'une terrible lassitude qui rend presque surhumain l'effort de gravir les escaliers menant à la surface. Car, bien sûr, pour sortir du métro, il faut monter... Vous êtes comme dans un rêve, ou un cauchemar, peu importe, c'est la même chose : dans un univers poisseux et ouaté qui vous enserre, dont vous aimeriez vous dépêtrer mais qui colle au corps, qui colle d'autant plus que vous vous agitez. Vos gestes se font de plus en plus mous, machinaux, vos yeux se ferment, vous respirez plus calmement, tous vos désirs vous semblent ajournables, vous n'avez plus de hâte. Vous êtes comme un lapin dans la lumière des phares : hypnotisé. Vous êtes comme le rat de laboratoire, abruti par les stimuli : tétanisé. On peut vous amputer de la vie sans douleur".