La science-fiction aime à s'emparer de la ville, qui en devient un personnage avec ses traits de caractère et ses humeurs. Souvenons-nous de Blade Runner (R. Scott) et de son Los Angeles lépreux, de la ville basse et de la ville haute de Gunnm (Y. Kishiro) ou du Roi et l'oiseau (P. Grimault), de la ville cachée des Seigneurs de l'Instrumentalité (C. Smith), de la ville panoptique de Nous autres (E. Zamiatine) ou de La Zone du dehors (A. Damasio), de la ville-immeuble hypersexuelle des Monades urbaines (R. Silverberg), de la ville-planète de Trentor (I. Asimov) ou Coruscant (G. Lucas), de la ville pourrissante de I Am Legend (R. Matheson) ou de La Foire aux immortels (E. Bilal), de la ville fiévreuse de Paris au XXe siècle (J. Verne) ou de Brüsel (F. Schuiten et B. Peeters), etc. La science-fiction rêve la ville et déploie ses imaginaires multiples. Elle le fait en s'emparant à la fois de sa matière (immeubles, réseaux, tuyaux, voiries...), de ses strates historiques (symboles, traces, plans...) et de ses projections vers l'avenir (rénovations urbaines, métamorphoses sociétales...). C'est une rêverie de chair, d'amour et de haine adressée à la ville, un révélateur des foisonnements potentiels infinis des villes. Ce livre collectif ne prétend à aucune exhaustivité, mais il montre déjà l'extraordinaire richesse des mondes urbains dans la science-fiction sous toutes ses formes (livres, bande dessinée, film, série, jeu vidéo, arts).