" À partir d'aujourd'hui, je suis arabe. C'est mon père qui vient de me l'annoncer à table. J'ai à peine quatre ans et j'ai du mal à réaliser ce qui me tombe sur la tête. J'ai passé la journée, comme tous les autres garçons de ma classe, à traiter Jamel de sale Arabe et lorsque je raconte ça à mon père au dîner, il s'énerve et me fait jurer de ne pas recommencer. Il m'explique que moi aussi je suis arabe, puisqu'il l'est, lui, que le contraire d'un Arabe, c'est un raciste et que je ne peux pas être raciste puisque je suis arabe. Quand je demande ce qu'il en est de ma mère, je suis soulagé d'apprendre qu'elle est espagnole. Elle, au moins, est épargnée ; elle ne subira le racisme qu'à cause de son accent, pas à cause de sa tête. " Belleville au début des années 80, une bande de gosses, le square de la rue Jean-Pierre-Timbaud. Pour Éric et ses copains, l'appel de la rue est irrésistible. À moins que... Une fresque tendre, cocasse et poignante, sur les rêves et les désarrois d'une génération confrontée à un monde violent.
Éric Hadj, né à Belleville à la fin des années 60, est aujourd'hui reporter-photographe dans une grande agence parisienne. Cette savoureuse chronique est son histoire.