Une petite ville de l'Espagne du Nord, vers 1860. Après un premier veuvage, Emma Valcárcel, fille d'un illustre avocat, épouse l'ancien commis de son père, Bonifacio _ un amour d'adolescence. Irascible et capricieuse, Emma règne en despote sur sa maison, où vit également son oncle, qui la gruge de son patrimoine. Bonifacio, pétri de romantisme, rêve d'avoir un jour un enfant, mais Emma, déjà lasse de lui, aigrie, malade, le traite comme un domestique. L'arrivée dans la ville d'une médiocre troupe d'opéra italienne va bouleverser ce microcosme. Bonifacio devient l'amant de la soprano, Serafina, tandis qu'Emma se laisse courtiser par Minghetti, le baryton... Avec Son fils unique, publié en 1891, Clarin s'enfonce plus avant dans la satire de la bourgeoisie espagnole provinciale du XIXe siècle. Mais, alors que la Régente se concluait par une tragédie, c'est de la comédie _ on pourrait presque dire de la commedia dell'arte _ que participe Son fils unique, dont l'action est menée tambour battant, avec force renversements de situations, révélations inattendues _ et toujours ce regard moqueur qui, en Espagne, distingue Clarín de ses contemporains. Journaliste, universitaire, écrivain, Clarín (1852-1901) fut pendant vingt ans le témoin le plus lucide de son temps en Espagne. Fidèle aux principes de la Révolution française, lecteur admiratif de Flaubert, Zola, Renan, Bergson, etc. , il se donne pour mission de greffer sur le vieux tronc de l'Espagne tous les bourgeons de la pensée libérale et progressiste.