" Le soleil d'hiver a toujours été pour moi une promesse, cela fait déjà quelque temps que ma préférence va aux convalescences, aux sorties d'enfer, aux promesses de lumière sous la pluie, aux enfants qui rient à travers leurs larmes, aux regards du grand blessé soudain miraculé, à l'irremplaçable médecin qui meurt en vous faisant signe que vous n'avez rien de grave et auquel vous fermez les yeux en étant en effet rassuré. Gide découvrant sur le tard que sa jeunesse a été couverte de rides assidûment tracées par ses parents et qu'à l'instant même de sa vieillesse, c'est sa vraie jeunesse qui va commencer. Soleils d'hiver que ces béatitudes dans une eau fraîche caressée vague après vague, comme si ce devait être la dernière. L'incroyant capable de rendre grâces et, au milieu de cet océan de détresse et de larmes, l'euphorie du chercheur qui découvre dans la réalité de l'univers la planète que ses calculs n'avaient fait que déduire. Jeune, j'ai chanté de l'été tous les éclats depuis les baies de Carthage jusqu'aux magies de l'archipel toscan. Aujourd'hui, seuls les soleils d'hiver me restituent l'intensité des aubes éphémères. " J.D.