Casanova, Beckett, Cioran, Biancotti, écrivains français ? Comment associerait-on leur abandon de la langue maternelle à un projet de "carrière" dans notre littérature jugée irremplaçable ? A une reconnaissance de la grandeur passée, culturelle ou coloniale de la France ? Où ranger tous ceux qui issus de pays non-francophones, choisissent souvent douloureusement d'écrire en français, parfois de partager notre vie quotidienne ? Souvent singuliers au sein de la francophonie, assimilés ou ignorés, ils ont chacun leurs motivations liées à l'histoire individuelle autant que collective. Leur quête littéraire est souvent l'expression d'une quête d'identité : l'adhésion à une langue, à un mode de vie, à une philosophie, peut aussi traduire un rejet des origines et le désir d'une réconciliation avec soi. Sans prétendre ni à une histoire ni à un inventaire de ces "singularités francophones", le présent ouvrage repose sur des études de cas et de nombreux textes significatifs, certains peu connus (confidences ou réflexions sur la poétique de l'oeuvre francophone). Il a pour but de questionner quelques uns de ces solitaires apaisés ou torturés, qui ainsi que vient de le rappeler Andrei Makine, veulent "se faire pareils pour rester autres et s'enfuir en pensée vers ceux qu'on n'aurait jamais dû quitter" Requiem pour l'Est , Mercure de France, 2000.