La relation de l'Absolu et de l'histoire a pu être qualifiée à bon droit de " problème schellingien par excellence ". Schelling a très tôt conçu la philosophie comme une confrontation avec l'Absolu, rouvrant l'espace insulaire, dans lequel Kant l'avait circonscrite, à une liberté océanique, au " libre océan de l'Absolu ", que réverbèrent, à leur façon, le poème de la Nature et le " miracle de l'Art ".
Mais ce que les premiers écrits de Schelling ne laissaient pas entièrement prévoir, c'est l'inscription, en cet Absolu, d'une historicité s'insinuant entre l'Absolu et le fini. Avant cette histoire de l'Absolu que se voudront les Ages du monde, dans un horizon temporel, le concept d' " absoluité dérivée ", élaboré par les Recherches de 1809, aura transité de la " liberté absolue " à cette liberté humaine qui a pour ancrage et répondant un Dieu vivant.
C'est à cette dernière philosophie, tout entière posthume, qu'il sera réservé d'orchestrer, du " procès exotérique " de la Mythologie à l' " histoire intérieure " de la Révélation, dont la philosophie culmine en une christologie, le thème d'une " histoire supérieure ", voire suprahistorique, qui fait dépendre de " la volonté libre de la créature " le destin de toute l'œuvre divine.