Il est des obsessions que l'on traîne avec soi tout au long de sa vie et qui à l'âge d'homme peuvent enfin être exprimer avec sérénité et recul. Certains les nomment "traumas" et ils sont fréquemment sources de tristesse, de mélancolie. Le plus souvent, la vie courante nous permet pas de parler de ces expériences anciennes qui nous ont marqués, impactés, et seul l'art nous donne l'opportunité et la distance suffisante de mettre des maux sur les mots comme dit l'expression consacrée et plus particulièrement, la poésie qui par sa liberté de forme nous autorise tous les voyages dans le temps intime. Temps "suspendu" pour ma part où mon enfance frêle et fragile subissait sans le nommer un abandon. Abandon symbolique, psychique et physique, qu'il s'agit dans ce texte de rendre palpable en faisant parler les situations, les acteurs et sentiments d'une époque lointaine, archaïque et pourtant encore bien présente en moi comme fondatrice de ma vocation d'artiste et de ma volonté tenace à vouloir exprimer l'indicible.