Un homme mène une enquête poétique et philosophique dont l'axe est la route principale de son village. Il se laisse docilement centrifuger par les giratoires, secouer par les gendarmes couchés, tout en poursuivant sa méditation dialoguée avec Dante, La Boétie, Melville, Kafka, Lévinas et Tocqueville parmi quelques autres de ses visionnaires préférés. Il en tire un scandaleux pamphlet. Où l'on découvre que, depuis son invention il y a un peu plus d'un siècle, Etats et sociétés sont à la remorque de l'automobile. Qu'elle véhicule une foi nouvelle, si profondément enracinée dans notre vie quotidienne que nous ne sommes même plus capables de nous la représenter. Où l'on s'interroge sur le Dieu des automobilistes, un Dieu si manifeste, si connu de tous que nous refusons de l'appeler par son nom. Où l'on apprend à reconnaître toutes les formes de cette religiosité prédatrice qui se répand sur la surface du globe à la vitesse de la fonte de la banquise. Où l'on démontre ce théorème anthropologique : " Quand je prends ma voiture, je suis un autre que moi. " Où l'on constate que nul n'échappe au culte : chacun de nous, toi, moi, se croit dehors tout en étant dedans, plié dans l'Habitude, collaborant à quelque niveau qu'il se trouve au triomphe de la Foi. Où l'on se range enfin à la prophétie de Janvier : avec l'Auto, IHVH, INRI, ALLAH & Associés ont enfin trouvé leur vrai rival international. Ce Rapide essai de théologie automobile nous dessille sur notre misérable condition d'Homme des routes, dont la liberté et l'humanité sont en voie de partir en fumée.