L'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, prix Nobel en 1970, fut exilé de force en 1974 pour avoir publiéL'Archipel du Goulag, où il raconte l'histoire de son pays en toute vérité. La lecture de son oeuvre confirme ce que l'on savait, mais que beaucoup niaient encore. Aujourd'hui, ce qu'il dit n'est plus contesté, mais on refuse de l'entendre parce qu'il dérange beaucoup de monde. Les accusations les plus contradictoires éclatent à son propos : anticommuniste, anti-occidental, utopiste, réaliste forcené, trop politique, trop " mystique ", etc. Pourquoi un tel refus ? Parce que ses écrits et sa vie révèlent une manière de se comporter différente de celle qui régit nos conduites habituelles : une logique spirituelle qui bouscule nos sociétés et leur jeu politique. Assise sur le refus du mensonge, cette logique spirituelle, que découvrent ou redécouvrent ceux qu'on appellent les dissidents, fonde, seule, nos rêves et nos combats : droits de l'homme, vie en société, beauté de l'oeuvre d'art, etc. Le christianisme comme dissidence, cela vaut à l'Est comme à l'Ouest, car il énonce les conditions qui permettent à l'homme de garder ou de retrouver un visage humain. Corinne Marion, née en 1945, mariée, deux enfants, professeur de lettres dans un lycée. A publié plusieurs articles de critique de littérature moderne, russe et française, et collabore régulièrement à la revue catholique internationale Communio.