La Franche-Comté eut son Grand Siècle au XVIe siècle, sous les Habsbourg, princes de la maison d'Autriche et rois d'Espagne. Ce n'est là qu'un petit territoire, un pays isolé, minuscule parcelle d'un gigantesque empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Sa grandeur est ailleurs. Chère au coeur de Charles Quint, elle a conservé ses traditions et ses libertés, elle a su résister à la centralisation et à l'unification. Réserve de diplomates et de capitaines, elle a fourni à ses maîtres une élite de fonctionnaires internationaux dont les Granvelle sont les plus nobles figures. Terre de fidélité, elle a refusé le protestantisme, mais ses habitants, catholiques fervents, ont aussi, en hommes de leur temps, cru aux diables et aux sorcières. Longtemps la paix lui a assuré une tranquille prospérité. Elle a fait vivre ses vignerons du bon pays, ses défricheurs de la montagne, ses ouvriers des forges et des salines. Mais dans la première moitié du XVIIe siècle, elle n'a pas échappé à la guerre de Trente Ans qui, avec son cortège de famines et d'épidémies, a décimé sa population, ruiné son économie, sonné le glas de son " siècle d'or ". Jean-François Solnon est agrégé de l'Université et docteur en histoire. Il est maître de conférences d'histoire moderne à l'université de Franche-Comté. Il est l'auteur de La Cour de France (Fayard, 1987).