Le texte de Rudolph Loewenstein (1898-1976) que nous redécouvrons un demi-siècle après sa première édition en français (1952), appartient à une constellation bien particulière d'essais consacrés à l'antisémitisme. Pris ensemble, ces écrits constituent une première confrontation sociologique, philosophique, historique et psychanalytique avec le phénomène, publiés dans les années qui suivirent immédiatement la Shoah. C'est en effet entre 1946, date de la parution des Réflexions sur la question juive de Jean-Paul Sartre, et 1956, année de publication d'un Peuple de solitaires de Cioran, que foisonne une production d'études sur la haine anti-juive, haine dont Rudolph Loewenstein, plus frontalement que Freud, tente de percer les ressorts inconscients. Dans une préface inédite, Nicolas Weill retrace l'itinéraire de Loewenstein dont les pérégrinations de la Pologne russe à Berlin, de Berlin à Paris, puis à New York donnent une image saisissante de ce que furent le judaïsme et la psychanalyse sur le chemin de l'exil et dans la tourmente du siècle.