Il y a un demi-siècle, la Belgique dotait son arsenal pénal d'une mesure pour le moins emblématique : la probation. Emblématique du modèle réhabilitatif, d'abord, qui domine à l'époque dans maints discours en matière pénale à la faveur de l'âge d'or de l'Etat social. Emblématique de la recherche d'alternatives à la prison, ensuite, qui prendra une ampleur de plus en plus importante à partir des années 1970. Mais aujourd'hui, déclin du modèle réhabilitatif et montée en puissance de la prison aidant, la probation n'intéresse plus guère, sauf parfois quand survient une innovation, comme le travail d'intérêt général ou, plus récemment, la peine de probation autonome. Pourtant, l'histoire de la probation est riche d'enseignements sur les prétentions de la pénalité à traiter "les causes durables de la délinquance", sur les pratiques des acteurs de première ligne, sur les expériences des justiciables, tenaillés entre aide et contrôle, ou sur certaines mutations contemporaines de la pénalité, à commencer par sa composante du travail social en justice. L'ambition du présent ouvrage est de mettre à jour cette richesse d'enseignements autour de trois thèmes : les histoires de la probation ; les normes qui l'ont régie, la régissent ou vont la régir ; les pratiques, qu'il s'agisse de celles des assistants de justice chargés de l'application concrète de la probation ou de celles issues des expériences des justiciables.