"En désaccord avec le paysage Pierre décida de l’oublier dans l’espoir d’une cohabitation plus cordiale avec les autochtones. Mais sur le quai, déboussolé, il donnait vraiment l’impression d’habiter ailleurs. Comme il se dirige vers la sortie, un bourgeois évident, descendu des Premières Classes, l’aborde : Alors, mon brave, on sort de sa campagne ? Pierre entrevoit dans cette interpellation sournoise un casus belli immédiatement exploitable. Mais, soucieux de trouver rapidement un gîte, il n’ouvre le débat que pour le clore. Campagne, mon cul, cocu ! lui répondit-il". Comment réveiller les humbles de l’apathie sociale, de la résignation ? Comment parasiter la domination de quelques-uns et troubler l’ordre établi ? Un agitateur public peut certainement faire l’affaire, et c’est justement ce rôle qu’endosse Pierre Jolibois dans ce roman éponyme qui couvre une existence faite d’amitiés et de luttes, de coups d’éclat et de jurons tonitruants, dans un Vindieux-le-Bas qui ne manquera pas de se souvenir de son passage en ces lieux. Et R. Jolly de composer un roman enlevé et souvent truculent, tout entier habité par un héros poil à gratter des bonnes consciences bourgeoises, dont le charisme le dispute à la malice.
Mi-breton, mi-nivernais, né en 1916 à Persan dans la banlieue parisienne, Raymond Jolly a été instituteur, professeur de français, inspecteur de la jeunesse et des sports, et vit sa retraite à Chamonix.