" La pensée esthétique de Taine (1828 - 1893) s'ordonne autour de la notion d'image. Une image, pour Taine, c'est l'unité d'un divers, comme dans l'acte de percevoir. C'est ce qui détermine un tableau, figure un ensemble. Par là, Taine rejoint l'ambition d'Auguste Comte et même celle de Montesquieu : montrer l'ordre et le progrès de l'esprit humain à travers l'extrême richesse de ses productions, y compris les plus fortuites. Mais une image, c'est aussi ce qui, par-delà toute histoire, nous confronte à l'aspect immédiat et brutal des choses, nous met en présence d'une nappe de sens antérieure à nos catégories, au langage même, que savent capter, mieux que d'autres, les peintres. En effet, l'image que révèle la peinture dans ses formes les plus impressionnantes, c'est le contact avec un ensemble de forces qui reconduit l'œil et le corps à un état sauvage du monde. En cela, Tintoret et Rembrandt sont, pour Taine, des exemples indépassables. Naît alors, dans l'œuvre de Taine, sinon une contradiction, du moins une opposition, une tension entre ces deux acceptions de l'image : d'où l'hétérogénéité apparente des textes ici proposés. Mais c'est précisément cette tension qui fait tout l'intérêt de cette démarche philosophique : elle rend la lecture des textes de Taine intemporelle et en montre l'extraordinaire postérité. "