Que faire lorsque survient une épidémie ou une contagion grave ? Faut-il isoler les sujets atteints, tenter d'enrayer le mal par un dépistage systématique ? Doit-on plutôt insister sur l'hygiène individuelle, voire collective ? Quel rôle assigner à l'Etat et aux autorités locales ? Faut-il "laisser faire", user de coercition ou s'en remettre à la médecine et aux médecins ? Ces questions (et bien d'autres), nos sociétés postindustrielles croyaient naguère encore ne plus avoir à se les poser : le choléra, la tuberculose et la syphilis - trois fléaux de l'Europe du XIXe et du premier XXe siècle -, à grand'peine jugulés, ne relevaient-ils pas d'un passé totalement révolu ? Or l'irruption du SIDA est venue réveiller les mêmes peurs, les mêmes discours d'exclusion, les mêmes doutes sur l'efficacité de la science, discours dont la nocivité le dispute, aujourd'hui comme hier, à la stérilité. Sans doute l'historien peut-il ici jouer un rôle décisif. Mesurant et analysant les effets quantitatifs et qualitatifs de la contagion sur une société, il en observe et en décrit le vécu, le dit et le non-dit. Sa relecture du passé le conduit, sans juger ni décider, à interroger le présent. Voilà pourquoi un groupe d'historiens et de médecins, sous l'égide de la Société de Démographie historique, confrontent leur "connaissance sociale" des contagions et des épidémies et la livrent au public.