Tantôt manifestation pathologique de la subjectivité, tantôt dimension constitutive d'une subjectivité irréductiblement sensible, les passions accompagnent et hantent la réflexion sur la conscience, le savoir, le politique, la morale et l'esthétique de l'âge classique. De Descartes jusqu'à Hume et aux matérialistes français, des romanciers du XVIIe siècle jusqu'à Prévost et Rousseau, la philosophie et la littérature s'emparent en effet de la notion de passion. De façon analogue, la médecine, la peinture, la sculpture, la rhétorique et les manuels de civilité se saisissent du double problème de la manifestation corporelle de la passion et de son expression formelle. Les études réunies dans cet ouvrage cherchent à souligner la diversité de ces regards théoriques sur l'affectivité. L'enjeu essentiel d'une telle enquête est de délimiter la cohérence d'une notion celle de passion qui, bien qu'elle s'inscrive dans une période temporelle spécifique, porte la trace d'une forte transformation des perceptions et des sensibilités. En se demandant de quelle façon on pense les passions à l'âge classique, les études regroupées ici dessinent un espace de réflexion qui suggère qu'en dépit de la différence des discours, de la richesse sémantique des concepts, des évolutions et des points de rupture qu'on peut y dénoter, la réflexion théorique sur les passions à l'âge classique suit, dans ses différents champs de manifestation, une trajectoire commune qu'il est possible de reconstruire. Trajectoire en un sens tragique puisque, après avoir connu son apogée historique au XVIIe siècle, la notion de passion disparaît au profit de celle d'émotion