Je suis sans nouvelles de Blanche depuis sept jours. A Saint-Barnabé, c'est comme ça, tout le monde compte les jours. Chacun d'entre nous tient son propre carnet de bord. Les anciens l'exhibent fièrement tandis que les nouveaux tout juste débarqués peinent à aligner deux mots sans trembler. Certains à cause de leur consommation excessive de la veille. C'est un rituel auquel peu d'éclopés échappent. D'autres à cause du manque. Ceux-là sont plus rares. D'après les statistiques, la plupart débarquent chargés comme des mules. Et d'après ce que je peux observer, les chiffres ne mentent pas. Devant mes yeux défile une triste réalité.