Ce recueil collectif dresse un inventaire des espaces culturels où s'expriment et s'affrontent, entre le Concordat et la Séparation de l'Eglise et de l'Etat, les principaux mouvements religieux (le Catholicisme, la Réforme, le Judaïsme, la Libre-pensée, etc.) et s'efforce d'éclairer les rapports complexes noués entre religions et culture. Chantal Georgel s'interroge ainsi sur les fonctions religieuses, voire sacrées, des musées. Taudis que Dominique Javel présente un panorama du culte catholique de Marie et des saints, Michèle Sacquin évoque la mémoire des figures de proue de la Réforme protestante et Jacqueline Lalouette réactualise celle des héros et martyrs de la Libre pensée. Carol Iancu examine l'intégration dans la communauté nationale des Juifs émancipés par la Révolution française qu'Alice Gérard aborde ici comme une religion civile orientée vers l'avenir, censée abolir les anciennes croyances religieuses et se substituer à elles. François de Vergnette et Jean-Claude Yon montrent comment la peinture d'histoire et le théâtre parisien contribuent respectivement à faire revivre sur les cimaises des salons et les scènes dramatiques les héros, dont les biographies populaires, étudiées par Christian Amalvi, diffusent des interprétations conflictuelles du passé national dans la France profonde. Avec la photographie, analysée par René Gérard, c'est un nouveau regard qui est projeté à la fois sur le patrimoine culturel et sur la place de la religion dans la société. Ce livre ouvert à tous les chantiers neufs de l'histoire culturelle et religieuse actuelle, préfacé par Maurice Agulhon, professeur au collège de France, et coordonné par Christian Amalvi, entend en somme constituer le XIXe siècle en un singulier Lieu de mémoire des Passions françaises, symboliquement encadré par les Mémoires d'Outre-tombe et la Recherche du temps perdu...