Avec un inédit de Michel Deguy et des dessins de Michel Canteloup Que Lacan invite les psychanalystes à se mettre à l'épreuve du poème pourrait s'éclairer de la rencontre avec Michel Deguy. Car c'est à l'intellectuel engagé, au penseur de notre modernité, au philosophe, au poéticien que s'adressent ici les psychanalystes. S'obstinant en effet à contrer la "déterrestration" qu'induit la domination du discours scientifique et du discours capitaliste, dans une "poétique continuée par tous les moyens", l'oeuvre de Michel Deguy oppose une "suspension volontaire de croyance", une "sortie du religieux", comme possible à-venir du sujet contemporain. Elle s'obstine à opposer le poétique aux divers pharmakons, prothèses, proposés aujourd'hui par les techno-sciences à la division subjective de l'être parlant. Ainsi est-elle incessante mise en examen du culturel, du politique, interrogeant leur défiguration, pour laisser place à l'expérience déconcertante du langage comme "allégresse pensive". Pour laisser place au poème, rejouant en son éthique, notre être-au-monde.