Bruxelles, début de l'année 2004 : un grand élargissement de l'UE va avoir lieu au printemps, l'adoption de la constitution européenne va être célébrée en automne, et la fameuse directive Bolkestein va être publiée en fin de journée. Le succès est à l'oeuvre, il est attendu. Sa clé ? La langue de travail : le novespéranto. Il électrise les réunions, il inspire les législations. Un nouveau commissaire s'apprête à le parler. Il vient d'être nommé. Il quitte la clémence du climat finistérien pour la pression barométrique bruxelloise, et il participe à sa première réunion de travail. Grâce à ses mémoires, nous assistons enfin à la construction européenne vue, expliquée et commentée depuis la salle de réunion de la Commission. Elles nous rendent témoin de confraternités, de brainstormings, d'une confrontation avec le Désamour Démocratique et même d'une révélation sur le sort de l'homme européen en ce début de siècle. Car faire l'Europe est tout sauf une "cosa mentale", comme on dit en Bretagne. Le corps est en jeu. Celui de l'auteur des mémoires comme celui de ses voisins de table. Une possession les anime, le novespéranto les vitalise. Aussi, tantôt à fleur de peau, tantôt didactiques, ces mémoires nous invitent à vivre à bien des égards une réunion initiatique.