Aramis, l'ambigu mousquetaire d'Alexandre Dumas, écrit ses Mémoires... Mais vite, le livre avorte : un texte-pirate, l'Anti-journal, prend la place du roman historique annoncé. " Roman de la vie littéraire ", ce faux journal intime brouille les limites admises entre autobiographie et fiction. Revêtu d'impudeur, masqué de naïveté, l'auteur raconte " comment il est devenu un écrivain " grâce à la presse et à la télévision, indépendamment de la valeur littéraire supposée de
son premier livre. Mais, en France, une règle implicite du milieu de l'édition interdit toute publication dénonçant ses pratiques. Le romancier finit par en crever. La figure d'Aramis réapparaît alors sous les traits du véritable ami que l'auteur n'a jamais rencontré : le " bon éditeur " ! Et Aramis recherche désespérément une histoire, une " bonne histoire " à publier... Récit de l'épuisement de tout récit, les Mémoires d'Aramis racontent la lente réconciliation de l'auteur avec l'écriture, qui pose par le renoncement aux poses littéraires, le vomissement de la gueule médiatique de l'écrivain. Voici un exercice raisonné de mauvais goût.