Avec Gabriel Haïpam, le lecteur est porté par le vent marmonnant qui balaie les immensités sahéliennes. Une terre pauvre où nous apprenons la richesse des vases en terre, la quiétude des cases rondes dans le conciliabule serein des messages anciens. Entre la majesté touareg et les pirogues lestes, le désert et le fleuve se marient dans un rêve. Dans les pas du poète, dans sa solitude guerrière, combattant pour la paix, inlassablement, la famine saisonnière côtoie la masse gonflée des hippopotames. Il y a ce doux parfum qui balaie la terre déchirée de l''Afrique. Cette communion tranquille avec la nature, avec la tourterelle qui picore les grains de mil. Cette mère nature blessée par une industrialisation naissante et anachronique qui " décongestionne le planteur En lui offrant la valeur dévalorisée du labeur ". Mais Gabriel Haïpam, c''est le contraire de la nostalgie et de l''apitoiement. Il taquine un peu " ces criquets pèlerins qui lui tendent la perche et lui tendent la main ".