En 1997, à la veille de la discussion du projet de loi qui devait donner naissance au Pacte civil de solidarité (PACS), plusieurs spécialistes des questions matrimoniales se réunissaient au Palais du Luxembourg pour réfléchir sur la notion de mariage. Ils venaient de tous les horizons et tous, à un moment ou à un autre de leur carrière, avaient été conduits à s'affronter avec la notion de mariage. Le but de leur confrontation était de dire s'il n'existait qu'un seul mariage, donnée de la nature, donnée de la divinité ou produit d'une convergence de la pensée et de la démarche humaines, ou bien si, face au modèle occidental, celui qui à tort ou à raison a servi de " modèle quasi universel ", en particulier à l'époque coloniale, il n'existait pas d'autres modèles différents et distincts par leurs formes, leurs buts et leur réalisation. Au lieu du mariage, ne serait-il pas préférable de parler de mariages, d'où le titre de la rencontre et celui de cet ouvrage. Les organisateurs de cette rencontre étaient partis de deux constatations, deux évidences : l'existence de sociétés qui n'ont pas de mot dans leur vocabulaire pour désigner ce que nous appelons le mariage ; et d'autre part, le fait que, dans le monde contemporain, les médias en particulier tendent à projeter à travers tous les continents une image unifiée du mariage empruntée au modèle occidental. S'orienterait-on progressivement, insensiblement, vers une forme unique de mariage ? Nous acheminerions-nous vers une mondialisation du mariage ? Les débats ont fait surgir bien des mariages qui n'ont pas toujours de proches rapports entre eux, qui donnent naissance à des familles diverses dans leur constitution, à des rapports entre les conjoints qui ne sont pas toujours ceux du couple. Il n'est pas évident que la société actuelle s'oriente vers le mariage, et peut-être la diversité des mariages est-elle source et reflet de la richesse de la pensée et des pratiques humaines.