" Prends soin de Carlo Bontempi. Je passe par la fenêtre. " Dix mots pour seul testament, laissés par Marcello à son ami, gardien comme lui de San Pietro in Vincoli, cette église de Rome qui renferme le Moise de Michel-Ange et la toile d'un peintre méconnu, accrochée en face. C'est trop et pas assez pour Alberto, mutilé, orphelin, qui évoque irrésistiblement cette amitié rythmée par le cappuccino du matin et le barolo en pichet. Qui n'en finit pas de se rappeler l'image de cet homme, se détournant du Moise pour regarder la Montée au Calvaire.
Drôle de personnage que Marcello, ancien professeur de mathématiques, obsessionnel, tragi-comique, gouverné par des jugements à l'emporte-pièce qui brisent la médiocrité du quotidien à coups d'éclats de rire, préfèrent l'échec à la résignation. Entre humour et sarcasme, tout passe dans sa machine à broyer, aux accents d'une rhapsodie féroce : les professeurs, les théâtreux, les salons de coiffure, les touristes, sa femme, le génie, et le blanc de poulet. Parce qu'" on n'exagère jamais assez ".