Inspiré par l’écriture diaristique fragmentée et incisive d’un Guibert, Michel Lobrot s’est prêté durant quelques années à l’exercice du journal. Il en retire aujourd’hui un texte à la frontière du document et de l’essai, où l’intime, le réflexif et le théorique s’entrelacent incessamment pour mieux penser les problèmes que posent la société et la psychologie contemporaines. De la défense absolue de la liberté à la sévère critique de l’héritage freudien, de sa description acerbe de l’école moderne à ses observations désabusées des débats politiques, cet éminent professeur et praticien dévoile une pensée incroyablement combative et révolutionnaire. Le texte de Michel Lobrot a ceci d’exaltant et de fascinant qu’il donne à lire l’existence d’une pensée. Une pensée qui revient sur elle-même, découvre, progresse, s’affute, bouscule les normes, jamais satisfaite du statu quo. En prise directe avec notre monde et ses enjeux, le diariste ne se retranche pas sur son quant-à-soi, ne construit certainement pas un essai-bilan ou un testament intellectuel, mais livre bel et bien une réflexion toujours sur le qui-vive, curieuse, désireuse de transformer les hommes et leur manière de vivre ensemble.