Louvois a longtemps inspiré une solide haine aux historiens. De multiples charges ont pesé sur le ministre de la Guerre de Louis XVI : le cabinet noir, le viol des correspondances , la révocation de l'Edit de Nantes, les dragonnades, la dévastation du Palatinat... Dès son vivant, sa puissance occulte auprès du roi fit naître une légende : A la veille de la guerre de Hollande, déguisé en marchand, le ministre se rend lui-même en Hollande pour acheter des munitions destinées à l'armée française. André Corvisier, revenant sur bien des préjugés, montre que si Louvois ne fut pas un grand politique, il fut sans aucun doute un administrateur de grand talent et d'une rare énergie. Le bilan de son action est largement positif. Organisateur de l'armée moderne, il a réussi dans un pays à l'économie cloisonnée à entretenir des milliers d'hommes, même si cette armée ne fut pas toujours à l'avant-garde des techniques militaires : c'est à lui aussi que l'on doit l'institution des Invalides. Son rôle est important également comme surintendant des bâtiments arts et manufactures. C'est l'histoire d'une vie tout entière vouée au service de l'Etat que retrace ce livre, la carrière d'un grand commis qui fut dressé dès l'enfance à sa tâche.