Ce n'est que tardivement que fut reconnue la nécessité de loger le peuple, alors même que l'industrialisation de la France, au cours du XIXe siècle, s'est accompagnée d'une urbanisation rapide, laquelle générait une crise permanente du logement. Ce fut d'abord la préoccupation de quelques philanthropes marqués par l'hygiénisme, puis de rares patrons, avant que l'Etat ne se trouve en devoir de faire face à ses responsabilités. L'auteur retrace l'histoire du logement social, depuis les cités ouvrières sises à proximité des mines et des usines aux villes nouvelles, en passant par les Habitations à Bon Marché. L'œuvre de Henri Sellier, Louis Loucheur ou de Raoul Dautry, ainsi que les propositions urbanistiques et architecturales de Tony Garnier ou de Le Corbusier sont ici replacées dans leur contexte politique et économique. Mêlant l'essai à l'érudition historique, cet ouvrage montre comment la recherche d'un consensus républicain et la poursuite de la modernité ont agi pour susciter des décisions et ouvrir des chantiers. En inscrivant son analyse au cœur des mouvances démographiques, économiques, sociales et idéologiques qui ont fait la France actuelle, l'auteur s'attache à marquer la spécificité institutionnelle, mais aussi architecturale et urbanistique, de ces politiques. Elles portent l'empreinte (les pesanteurs de la société française, de ses blocages et de ses avancées.