Blessé en 1918 par une balle allemande, le poète Joë Bousquet (1897-1950) perdit l'usage de ses membres inférieurs et resta alité le reste de sa vie, à Carcassonne, dans une chambre dont les volets étaient éternellement clos. C'est là, en janvier 1946, alors qu'il était reclus depuis vingt-huit ans, qu'il fit la connaissance d'une jeune étudiante prénommée Linette - qui le troubla par son charme, son intelligence, sa fraîcheur. Pendant quatre années, il aima la rencontrer, lui parler et, surtout, lui écrire des lettres admirables qui étaient restées inédites jusqu'à ce jour. A Linette, Joë Bousquet veut tout enseigner, tout transmettre. Et lui apprendre, lui le paralytique, l'immobile "momie", que la vie est immense, ainsi que la littérature et l'amour. D'où la charge poétique exceptionnelle de cette correspondance qui révèle bien des aspects méconnus de l'auteur de Lettres à Poisson d'or.
Le préfacier de cet ouvrage, Nicolas Brimo, est le fils de la destinataire de ces lettres. Bibliophile, il est aussi journaliste, et administrateur délégué du Canard enchaîné.