Dans l'entre-deux-guerres, Anna, la fille cadette de Sigmund Freud, écrit régulièrement à son amie Eva Rosenfeld. Les deux jeunes femmes découvrent la psychanalyse avec enthousiasme et participent activement à sa diffusion. Une forte amitié, quasi amoureuse, lie Eva et Anna ; celle-ci ouvre son cœur à son amie et lui raconte son quotidien, lui confie ses états d'âme. A ce titre, cette correspondance est un précieux témoignage sur la vie, les conflits, les amours et les jalousies qui animent le petit groupe (Lou Andreas-Salomé, Max Eitingon entre autres) gravitant dans l'entourage de Sigmund Freud, et dont celui-ci reste l'arbitre ultime. Ces lettres donnent en outre un éclairage vivant sur les activités d'Anna, souvent mal connues, dans le domaine de la pédagogie, avec la chronique de l'école psychanalytique de Hietzing (19271931), fondée par Eva et Dorothy Burlingham. Anna Freud de trente ans, écrivain accomplie et dévouée à la psychanalyse, livre ici beaucoup d'elle-même : elle parle de ses rêves, de ses fantasmes d'abandon et de son père, qu'elle voit souffrir lorsque son cancer se développe. Après la Seconde Guerre mondiale, Eva continuera d'écrire à Anna, qui ne répondra qu'en deux brèves occasions, s'estimant trahie par l'analyse qu'Eva a entreprise avec Melanie Klein. Les lettres d'Anna Freud (1895-1982) à Eva Rosenfeld (18921977), accompagnées ici des contributions de Gunther Bittner, de Peter Heller, à l'époque jeune enfant en analyse avec Anna, et de Victor Ross, le fils d'Eva Rosenfeld, esquissent le portrait de deux femmes qui ont marqué l'histoire de la psychanalyse.