On n'a jamais fait cela. Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est un fait. C'est aussi le cri des premiers lecteurs de cet ouvrage. Clavel était allé plusieurs fois aux usines Lip de Palente dans l'intention de ramener, au bout de quelques semaines, une plaquette documentaire sur ce conflit, le plus grave et le plus chargé d'espérance que la France ait connu depuis longtemps. Six mois après, il nous donne une symphonie avec choeurs et orgues, romanesque, mais peut-être plus vraie que la vérité. Ou encore une sorte de cathédrale... Que les définitions approximatives de cette oeuvre s'empruntent à l'architecture ou à la musique, c'est signe qu'elle n'a guère de précédent en littérature. On pourrait même penser à un film soviétique de haute époque, si la plupart des animateurs de la lutte et des principaux personnages de l'ouvrage n'étaient des militants chrétiens - auprès de qui l'auteur semble s'être enrichi. Et le peuple est là, lui aussi, non dans son anonymat, mais dans son âme commune et ses personnalités particulières, que la lutte révèle et qui en retour la nourrissent. C'est ce peuple qui donne souvent à ce livre sa dimension de poème épique. L'avenir dira si Les Paroissiens de Palente sont pour l'art de Clavel un aboutissement ou un nouveau début. Les deux, sans doute...