Au milieu du XIIIe siècle, pour la première fois, le prévôt de Saint Louis, Etienne Boileau, consigne par écrit les usages des quatre-vingt-seize corps de métiers parisiens. Il s'agit d'une véritable révolution car les droits et devoirs de chaque corporation étaient jusque-là transmis isolément et oralement, parfois depuis des temps immémoriaux. Il en découle une oeuvre fondatrice, le Livre des Métiers, dont la portée est nettement plus vaste qu'il n'y paraît, à la fois dans le temps et dans l'espace. D'une part, car Paris est la capitale de la France et son influence s'étend à tout le royaume. D'autre part, car les statuts ainsi enregistrés sont restés en vigueur dans les grandes lignes jusqu'en 1776. Ainsi, ce manuscrit nous plonge non seulement dans la société industrielle, économique et féodale du Moyen Age mais il nous révèle également les obligations et privilèges de chaque métier, son organisation interne pyramidale (apprenti, valet, maître, juré de la corporation), sa réglementation du travail, ses impôts ou encore ses amendes et, ce faisant, ses valeurs. Néanmoins, le déchiffrage et l'interprétation d'un manuscrit médiéval n'est pas à la portée de tous. D'où l'intérêt évident de cet ouvrage des archivistes-paléographes René de Lespinasse et François Bonnardot. Il nous offre en effet une lecture à plusieurs niveaux : 1° des éléments de contexte sur l'apparition des corps de métiers au Moyen Age ; 2° les dénominateurs communs dans l'organisation intérieure des corporations ; 3° un résumé des usages de chaque métier ; 4° les transcriptions in extenso annotées des statuts de chaque métier ainsi qu'un glossaire-index ; 5° la reproduction de sept pages du manuscrit afin de se familiariser avec les textes originaux et leur graphie. En bref, un livre incontournable pour mieux appréhender les métiers de nos ancêtres. Préface de Tony Neulat