Comment expliquer la diversité des cultures malgré l'unicité de l'espèce humaine ? Comment ne pas la concevoir comme un obstacle à la compréhension de la nature humaine ? Telle est l'interrogation originelle de Jean Baechler qui, dans cet essai comme dans toute son oeuvre, cherche à bâtir une science du règne humain. Les sciences de la vie nous apprennent que l'espèce humaine, qui ne se développe pas simplement en suivant un programme génétique préétabli, est libre. Autrement dit, son accomplissement se fait par la médiation d'une culture, qui actualise et réalise la nature humaine selon différentes modalités. A toutes les échelles de sociabilité, du ménage à la civilisation, la culture est le vecteur d'humanisation de l'homme : la nature humaine évolue alors en fonction de certaines caractéristiques éthiques, religieuses, politiques, économiques, techniques, ludiques, etc. , qui varient de génération en génération, et qui forment ce que Jean Baechler appelle une "matrice culturelle" .