Le mot " dépendant " est devenu depuis quelques années, l'attribut spécifique des personnes âgées ayant des difficultés de vie quotidienne. Mais il serait plus juste de parler de personnes ayant des incapacités à effectuer certains actes de la vie quotidienne. En effet, " dépendant " signifie d'abord " appartenir à ", " être solidaire de ". La dépendance, c'est-à-dire le fait d'avoir besoin des autres pour se réaliser, concerne en ce sens tous les êtres humains sans exception. L'auteur met en lumière les attitudes individuelles et collectives qui sous-tendent ce malentendu fondamental. Il donne à voir comment s'est construite la notion de dépendance, comment cette notion a structuré peu à peu le champ de la vieillesse, et comment elle a conduit lentement mais sûrement à une nouvelle catégorisation : " les personnes âgées dépendantes ", stigmatisées comme l'un des " mauvais objets " de la société actuelle. Or la dépendance, loin d'être le stigmate d'une décrépitude, est le fondement de notre autonomie individuelle, et la base de la cohésion sociale. L'objet de cet ouvrage est donc de tenter d'affranchir le lecteur de la stricte définition biomédicale de la dépendance, en lui faisant prendre conscience des représentations négatives que cette dernière induit : spécificité inéluctable du grand âge, nécessité du recours à l'hébergement, incapacité à faire et à être, menace et défi pour la société, source de dépenses importantes pour la collectivité, etc. Cet ouvrage s'adresse à tous les acteurs sociaux qui travaillent auprès des personnes vieillissant avec difficulté (professionnels, familles, bénévoles), aux responsables de services et d'établissements et, plus largement, aux décideurs qui interviennent dans la définition des financements et des politiques publiques.