J'ai écrit les Mosaïstes en 1837, pour mon fils, qui n'avait encore lu qu'un roman, Paul et Virginie. Cette lecture était trop forte pour les nerfs d'un pauvre enfant. Il avait tant pleuré, que je lui avais promis de lui faire un roman où il n'y aurait pas d'amour et où toutes choses finiraient pour le mieux. Pour joindre un peu d'instruction à son amusement, je pris un fait réel dans l'histoire de l'art. Les aventures des mosaïstes de Saint-Marc sont vraies en grande partie. Je n'y ai cousu que quelques ornements, et j'ai développé des caractères que le fait même indique d'une manière assez certaine. Je ne sais pourquoi j'ai écrit peu de livres avec autant de plaisir que celui-là. C'était à la campagne, par un été aussi chaud que le climat de l'Italie que je venais de quitter. Jamais je n'ai vu autant de fleurs et d'oiseaux dans mon jardin. Liszt jouait du piano au rez-de- chaussée, et les rossignols, enivrés de musique et de soleil, s'égosillaient avec rage sur les lilas environnants. George Sand, Nohant, mai 1852.