Ce travail vise à étudier la question des lieux et du temps dans l'oeuvre en prose d'Ilse Aichinger à travers les expériences originelles de la "perte de l'enfance" et de ce qu'elle nomme la "fin". Il analyse sous quelles formes ces deux expériences fondatrices se retrouvent dans la pratique littéraire de l'auteur. Au-delà de la diversité des questionnements d'une oeuvre à l'autre, la problématique spatio-temporelle s'organise autour de quelques notions centrales. L'espace est d'abord envisagé en tant qu'espace ontologique, un "lieu de l'être". Il s'impose dans les récits de fiction, mais qualifie également les différents lieux des écrits autobiographiques, qu'il s'agisse des espaces heureux de l'enfance ou des rues et places de Vienne altérées par l'expérience de la fin. Cette qualité ontologique du lieu a, ensuite, pour corollaire l'existence d'utopies spatio-temporelles à caractère métaphysique ou même linguistique. Enfin, on découvre dans toute l'oeuvre d'Ilse Aichinger une conscience aiguë de la relation contingente unissant espace et temps. Une question qu'elle aime à aborder aussi bien à travers des réflexions théoriques que par la parodie ou la satire.