La forêt s'inscrit, par nature, dans la longue durée chère à Fernand Braudel. Laboratoire du développement durable, elle impose le recul des siècles afin de tracer le chemin d'un aménagement soutenable à partir d'un présent éphémère. Dans cet écosystème, le passé pousse ses flots jusqu'au sous nos pieds avec une puissance singulière. Une chênaie s'élève sur deux siècles, une hêtraie sur cent ans : la forêt est aussi école de l'humilité et du poids des générations de celles et ceux qui ont appris à l'élever patiemment au fil du temps long. Cette thèse éclaire ainsi d'un passé lointain la question de haute actualité de l'avenir des forêts européennes, en particulier françaises. Plus globalement, la question de la gestion de notre patrimoine naturel, de sa biodiversité, appelle un effort de transversalité et une responsabilité particulière devant les générations futures. Elle nous oblige à réussir la fertilisation croisée des savoirs scientifiques et techniques pour la conservation active d'un héritage qui est tout autant un legs. Nous ne sommes que des usufruitiers de la forêt. Elle appartient à nos grand-parents autant qu'à nos enfants.