"La truite et le pêcheur Dans l'eau vive d'une rivière, Entre deux fils d'eau claire, Se baignait une truite à l'abri d'un rocher. Sa robe noir ébène et ses nageoires vermeilles L'avaient rendu intruse au monde de ses pareils. Mais était-ce sa faute si, par caprice souverain, Dame nature à sa chair ces couleurs avait peint Devait-elle accepter sans nageoire sourciller Que, par sa différence, elle se fasse rejeter Si elle vit l'épuisette, ce ne fut que trop tard, Car les mailles du filet furent un vrai traquenard En un mot pour le dire, elle fut hissée de l'eau Pour se trouver plongée dans le ventre d'un grand seau. La révolte, un instant, arc-bouta son dos, Elle frappa de la queue et tenta le grand saut Hors de cette eau immonde, il fallait qu'elle s'évade Avant que l'on ne griffe son ventre à la fonte d'une grillade. [... ]"