Ce n'est pas parce qu'un auteur anglais a écrit les Conséquences économiques de la paix que nous avons composé cet ouvrage. Ce livre n'est pas une réponse à Keynes. On le verra tout de suite. Nous voulons marquer seulement, à l'introduction de ces pages, un contraste singulier. Après une guerre qui a mis en jeu les forces et les ressorts des principaux Etats du monde, l'idée même de politique est tombée dans le discrédit. Peut-être faisait-elle mal à la tête ? Il est vrai que jamais matière aussi vaste et aussi confuse ne s'était offerte à des conducteurs de peuples chargés d'établir une grande paix. Raison de plus pour réfléchir et pour prévoir beaucoup. Le calcul pouvait être fatigant. Faute de calcul, une part énorme de l'avenir a été livrée à l'inconnu et au hasard, une part qui dépasse à l'excès les limites que rencontrent les intelligences les plus profondes lorsqu'elles s'appliquent à diriger le cours des grandes affaires.