" J'ai fait ce que je devais faire pour l'enseignement du Bouddha ", dit Milarépa dans ce dernier volume des Cent Mille Chants, où l'ermite tibétain rencontre son deuxième grand fils spirituel, Gampopa. Celui-ci deviendra le fils bâtisseur, le véritable fondateur de l'ordre des Kagyüpas, lignée de transmission orale de maître à disciple, encore vivante de nos jours. Milarépa chante, rit, danse, plaisante et parfois se moque des villageois venus jusqu'à son ermitage pour lui demander un enseignement. Comme son maître Marpa le Traducteur, il a dépassé en esprit toutes les contraintes et tous les comportements conventionnels. Ses réponses aux interrogations de Gampopa sur ses expériences et sur sa pratique du yoga composent l'un des moments les plus surprenants de l'oeuvre. La joie de Milarépa lui permet d'être simple et profond. Il dispense les vérités ultimes de sa philosophie avec la perfection de celui qui, en tout, perçoit l'essentiel. Tout se tient dans une réalité absolument vide de substance. Le yogi ne fixe pas ce qui est transitoire. Les variations lumineuses de l'ouverture d'être N'est-ce pas ce que l'on nomme les étapes de la route ?