"Elle est arrivée par le côté, au sortir d'un virage serré, de derrière un chêne vert. Elle devait être certainement effrayée par les faisceaux de lumière des feux de croisement et les bruits d'échappement. Je ne comprends pas, je ne sais pas ce qu'elle est venue faire là. J'ai senti très nettement ses pattes se glisser sous ma roue avant droite, son corps, pourtant corpulent, se tordre et sa petite tête marron clair, avec ses grands yeux naïfs et ses oreilles en alerte taper sur le capot avec un énorme bruit de tôle froissée. Elle est aussitôt sortie de mon champ de vision, tout de suite après le choc, et m'a laissé triste avec le ronronnement du moteur et la douce mélodie des voix amicales du talk-show nocturne de France Inter que je n'arrivais plus à écouter. J'ai eu peur, seul, dans la nuit, dans cette forêt. J'ai continué ma route en espérant que les dégâts n'étaient pas trop importants, que j'allais pouvoir rentrer chez moi d'un seul trait, sans encombre, pour embrasser Moltavia et me coucher auprès de Mathilde, lui raconter cette folle journée, cette incroyable rencontre complètement inattendue avec notre vieux copain... "